mardi 20 mars 2018

La mort d'Hitler par Jean-christophe Brisard, Lana Parshina


C'est une contre-enquête efficace et convaincante sur la mort d'Hitler. Tant de légendes ont circulé sur la disparition du dictateur nazi depuis le 30 avril 1945, date présumée de son suicide. Parmi ces légendes, l'évasion d'Hitler quelque part du côté de l'Amérique du Sud, à bord d'un sous-marin. Une hypothèse qui est d'emblée qualifiée de fantaisiste par les deux journalistes qui ont enquêté pour élucider les derniers mystères du suicide annoncé, Jean-Christophe Brisard et Lana Parshina. Ici, on a droit à une démonstration rigoureuse, scientifique, à partir de l'identification d'une part de fragments du crâne attribué au «  Führer  » et d'autre part à d'autres fragments de sa dentition. L'enquête s'appuie aussi sur des témoignages des proches du dictateur, qui ont vécu ses derniers moments et ont été interrogés à de multiples reprises. Tous ces documents et ces restes du corps d'Hitler se trouvent aujourd'hui conservés à Moscou, à différents endroits, d'où la complexité de l'enquête.

Cold Case


Le journaliste français et sa collègue russo-américaine ont formé une équipe hors pair pour parvenir  à obtenir les autorisations nécessaires qui leur ont permis d'accéder aux archives secrètes du KGB, et pas seulement. Lana Parshina s'était illustrée notamment par son documentaire retentissant en 2008 sur la fille de Staline. Cette fois, elle a joué un rôle majeur pour convaincre les autorités russes de livrer certains renseignements. Un universitaire américain, qui avait estimé à tort que les restes de crâne conservés étaient ceux d'une jeune femme, avait rendu les Russes totalement furieux.

Un expert légiste reconnu


Les deux auteurs de ce livre, qui sort en même temps qu''un documentaire télévisé, se sont adjoints pour cette recherche inédite les services de Philippe Charlier, médecin légiste et anthropologue  à qui l'on doit notamment l'identification de la tête de Henri IV. Le travail de ce spécialiste est impressionnant et mérite d'être en effet largement connu.

Une conclusion rationnelle


A la fin de ce livre, les auteurs se positionnent bien entendu clairement sur l'hypothèse qu'ils privilégient. Oui, Hitler s'est bien donné la mort à Berlin le 30 avril 1945. Trois possibilités existent  : S'est-il tiré une balle dans la tête, dans la bouche ou s'est-il empoisonné avec du cyanure? Les réponses figurent dans cet essai brillant.

mercredi 7 mars 2018

Les Loyautés de Delphine de Vigan




Je n'avais encore jamais lu Delphine de Vigan ( honte à moi), et je dois dire que « Les Loyautés » est un récit à plusieurs voix qui m'a bien plu. L'auteur met en scène deux enfants qui fréquentent un collège à Paris, en classe de cinquième. Théo et Mathis ont un peu plus de douze ans. L'un de leurs professeurs, Hélène, a très vite l'intuition que ces deux camarades, toujours ensemble, ont quelque chose à cacher. Grâce au mode de narration polyphonique de ce roman, le lecteur comprend très vite que Théo et Mathis se cachent pour boire de l'alcool en cachette. Et c'est très vite l'escalade...


Des personnages plus vrais que nature


Le roman est raconté par quatre personnages : Hélène, professeur au Collège, qui a eu une enfance maltraitée avec un père violent et une mère qui ne voyait pas ; Cécile, la mère de Mathis, qui reste à son foyer, qui découvre la double personnalité de son mari, mais qui ne lâche rien en découvrant le drame que vit son fils ; Mathis, un enfant cachotier, sous l'influence de Théo, le quatrième personnage, un enfant timide et mal dans sa peau, dont les parents sont divorcés. On se sent proche de chacun des narrateurs, imaginés par Delphine de Vigan, car le ton est juste, les situations qu'ils vivent sont tellement ancrées dans le quotidien que cela renforce considérablement la crédibilité du roman.


Un roman attachant


Le résultat, à mes yeux, est brillant, c'est une histoire qui entraîne le lecteur à vouloir connaître sans cesse la suite, avec un suspens qui ne fait que croître au fur et à mesure où l'on se rapproche de la fin. A ce moment là, seulement, j'ai été personnellement déçu. Delphine de Vigan nous laisse imaginer nous-même l'issue de ce récit. C'est un choix peut-être discutable, cependant je recommande vivement la lecture des « Loyautés » qui me va personellement droit au cœur.

samedi 3 mars 2018

La femme à la fenêtre de A.J. Finn


J'ai aimé ce polar aux références cinématographiques appuyées ( Anna, l'héroïne de cette histoire est passionnée de films en noir et blanc aussi renommés que ceux d'Alfred Hitchcock, par exemple). Il faut attendre assez longtemps, je dois dire, pour que l'intrigue policière proprement dite se mette en route, mais dés lors que le crime a été commis, on ne lâche plus le livre jusqu'à la dernière page. C'est un bel échafaudage qui commence par le portrait d'une femme recluse, le docteur Anna Fox, qui exerçait le métier de pédopsychiatre, mais qui se terre depuis près d'un an dans sa maison à plusieurs étages, située à Harlem. Elle souffre d'agoraphobie, passe ses journées à boire et à consommer des médicaments. Pour se distraire, il y a internet et puis la surveillance du voisinage depuis sa fenêtre...

Le passé dévoilé progressivement


Le personnage d'Anna est minutieusement construit, on sait très vite qu'elle a été mariée à Ed et qu'ils ont eu ensemble une fille Olivia. Mais c'est la séparation depuis plusieurs mois maintenant, et Anna vit seule désormais. Elle ne peut se passer d'appeler au téléphone son ex mari et sa fille, puis on finit par apprendre qu'au moment où le couple s'est disputé, il y a eu un accident dans une tempête de neige. Depuis, c'est l'enfer dans sa vie et l'impossibilité pour elle de quitter sa maison, de voir la lumière...

L'étrange voisinage des Russel


La situation personnelle d'Anna joue un grand rôle dans l'intrigue policière.  Car un soir, chez les Russel, dont Anna aperçoit l'appartement depuis chez elle, un meurtre a lieu et elle en est témoin, étant à la fenêtre ce soir là... Mais, quand la police arrive, l'inspecteur Little et sa collègue Norelli, mènent rapidement l' enquête et concluent à des hallucinations de la part d'Anna, liées à la prise d'alcool combinée à celle des médicaments. Toute la force de ce roman est là, dans l'impossibilité pour le lecteur, de savoir la vérité entre les allégations d'Anna et les conclusions de la police.

Des personnages secondaires savamment choisis


L'auteur met en scène plusieurs personnages qui vont jouer chacun leur partition dans cette histoire. Le docteur Fielding, avec qui Anna communique souvent mais  ne suit pas les recommandations, les Russsel, bien sûr, avec en particulier Ethan,  un adolescent qui vit avec ses parents dans l'appartement où s'est produit le crime supposé par Anna, David, un séduisant jeune homme qui a loué le sous-sol de la maison d'Anna, et aussi Bina, une infirmière-kiné, qui vient régulièrement au domicile d'Anna.

Un style très fluide


J'ai aimé l'écriture de ce polar, qu'on lit facilement, tant le style est fluide, avec beaucoup de dialogues qui rythment la narration, et ajoutent souvent au suspense. C'est un excellent choix de lecture, sans aucun doute.