lundi 30 juillet 2018

Equateur d'Antonin Varenne




C'est un roman d'aventures qui évoque tour à tour l'Amérique des chasseurs de bisons, le Mexique des Comancheros, le Guatemala et ses émeutes durement réprimées, puis la Guyane française, aux portes de Brésil et d'un mythique Equateur dont rêve le héros de cette picaresque épopée.

Pete Ferguson, s'est enfui après avoir déserté pendant la guerre de Sécession ( 1871) et il est recherché pour meurtre et violences diverses. Il tient tout au long du roman un carnet de route et évoque son passé familial qui le relie au ranch Fitzpatrick et à son frère Oliver, plus quelques autres.

La rédemption de Pete passe par une Indienne, Maria, rencontrée en chemin, et qui finit par le suivre jusqu'au bout de l'aventure.

J'ai lu cette histoire sans déplaisir, on y découvre bien sûr tous ces pays avec l'ambiance de l'époque plutôt bien restituée, mais sans doute un peu superficiellement aussi. On est loin par exemple d'un Butcher's Crossing signé John William qui a dépeint avec bien plus de précision et de poésie le monde des chasseurs de bisons.

Le suspense est plutôt bien maintenu, et la fin relativement surprenante. Bref, un bon roman pour passer un agréable moment au bord d'une plage, mais pas forcément un livre inoubliable.

vendredi 13 juillet 2018

La compagnie d'Ulysse de Jean-Marie Chevrier


Un roman pour retrouver un peu de l'esprit de mai soixante-huit: la liberté sexuelle, le côté révolutionnaire en "peau de lapin" pour reprendre une expression limousine, les chimères d'une adolescence qu'on ne voudrait quitter pour rien au monde... Jean-Marie Chevrier a inventé une histoire "ad hoc" où il campe un personnage de jeune dentiste, faisant ses classes en région parisienne, avant d'exercer à Guéret, sa ville natale. Avec un projet fou, celui de refaire le voyage d'Ulysse à bord d'un bateau qu'il fait construire par son ami creusois "Jojo" dans une ferme reculée au bord de la rivière. C'est plaisant, drôle souvent, voire caustique. J'ai aimé l'esprit du livre dans son ensemble, on tourne les pages, on se distrait. Avec un clin d’œil de l'auteur à l'écrivain Marcel Jouhandeau, son illustre prédécesseur...

Le livre que je ne voulais pas écrire d'Erwan Larher



Erwan Lahrher est écrivain. Il était présent au Bataclan le 13 novembre 2015 lors de l'attentat sanglant au cours duquel il fut blessé. Son témoignage, conçu comme "un objet littéraire", et écrit à la demande de ses proches et de son éditeur, restitue la démolition physique, mentale, psychique qui fut la sienne, et aussi la reconstruction pénible, lente, qui était presque mission impossible après un tel choc. Écrit à la deuxième personne, le seul moyen pour l'auteur d'éviter tout narcissisme indécent. Faisant partager les réactions spontanées de ses amis sur les réseaux sociaux, de sa famille, en particulier de son père, rendant hommage au personnel soignant exemplaire et dévoué à l'extrême. Allusion aux terroristes, dont il parle assez peu, sinon pour se mettre  à leur place et essayer de comprendre leur comportement. Pas de jugement péremptoire, une volonté de se détacher d'une vision manichéenne de l'histoire... Avant tout un témoignage personnel, sans autre ambition, que de raconter sa propre expérience. Sincère et touchant.

lundi 9 juillet 2018

Pour Sensi de Serge Bramly



C'est un roman intimiste qui passe par mille chemins détournés avant de conduire, in extremis, le lecteur vers le dénouement qui éclaire toute l'histoire... Du grand art! Dédié à une femme, que le narrateur, écrivain « de métier », a entrepris de peindre avec toute la force d'un style brillant, érudit, puisant à d'innombrables sources ( je n'ai pas compté le nombre de citations d'écrivains, de peintres, de musiciens, mais Serge Bramly a des lettres incontestablement).

L'histoire est celle d'une jeune femme blonde, Rivka avec qui il a entretenu une liaison adultère durant dix-neuf mois, et qui vient de le quitter. Mais le narrateur connait un deuxième échec, littéraire celui-là, concernant un projet de livre dans lequel il s'était énormément investi, sur la conjuration de Catilina, la rédaction en est au point mort. C'est pour l'auteur une double impasse, une profonde dépression.

Entre la Tunisie où plongent ses racines, et plusieurs pays ou contrées comme le Brésil ou l'Himalaya, Serge Branly nous fait voyager dans le monde entier, et il transforme une relation amoureuse assez banale en promenade littéraire agréable, souvent professorale tout de même, c'est un peu le défaut de l'auteur de donner, quitte à me répéter, très souvent dans la citation ou l'explication philosophique, etc...

Reste que le roman est réussi, je l'ai lu avec intérêt et conviction. Il peut figurer dans les choix possibles de la rentrée littéraire en vue d'un prix. L'auteur n'est pas un inconnu. Romancier, scénariste et critique d'art, il a déjà reçu le prix Interallié en 2008 pour son roman « Le premier principe, le second principe » aux éditions Jean-Claude Lattès.