Agée de 93 ans, Madeleine Chapsal
publie ses « souvenirs involontaires », référence
clairement proustienne. C'est un livre qui évidemment s'imposait
tant son long parcours est riche de rencontres, où l'on croise en premier lieu
« l'homme de sa vie » Jean-Jacques Servan-Schreiber mais
aussi tant d'autres grands noms de la littérature, du cinéma, des
médias : Françoise Giroud bien sûr, Françoise Dolto, André
Malraux, Jérôme Lindon, et bien d'autres encore.
J'ai connu moi-même Madeleine Chapsal, en tant que marraine de « Lire à
Limoges », un rendez-vous qui lui tenait à cœur chaque année,
elle qui est restée si fière de ses racines limousines, notamment
de ce grand-père, tailleur de granit à Eymoutiers, véritable
artiste appliqué à sculpter d'admirables pierres tombales y compris
la sienne.
J'ai aimé le ton de ces mémoires,
empreintes de sincérité, où l'on apprend notamment comment cette
journaliste est devenue un jour écrivain, au terme d'une longue psychanalyse sans laquelle, cela « ne serait pas arrivé »,
selon elle.
Madeleine Chapsal réserve évidemment
une place à part à François Mitterand, qu'elle voyait souvent, et
jusqu'à la fin de sa vie, et qui lui a confié un jour : « vous
vous rendez compte de ce que vous avez fait pour les femmes ?
Avec vos écrits, vos livres », phrase qui fait référence à
l'engagement de l'auteur des « souvenirs involontaires »
pour la libération de la femme à travers une œuvre prolifique (
plus de cent ouvrages, romans et essais confondus) et un best-seller
reconnu « La maison de Jade ».
Sur le plan amoureux aussi, la vie de
Madeleine Chapsal est particulièrement riche et mouvementée, et
bien sûr ces mémoires viennent éclairer la relation tendue avec
Françoise Giroud, qui fut la maîtresse de son mari, et avec
laquelle elle règle quelques comptes, mais en conservant toujours
une certaine retenue...
On passe un excellent moment à lire
ces lignes, qui racontent la vie d'une femme écrivain libre, amoureuse
souvent, qui a connu tant de ruptures et de nouveaux départs... Et
qui a su faire, avec brio, le grand écart entre ses racines
paysannes et sa vie parisienne dans les milieux les plus huppés.
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