jeudi 15 février 2018

Bluff de David Fauquemberg



L'Anchorage Café, port de Bluff, Nouvelle-Zélande. C'est là que commence l'histoire. Elle réunit trois hommes qui ne se ressemblent en rien : un voyageur français, dit « Le Frenchie », un vieux pêcheur maori, Sonny Rongo Walker, qui est aussi capitaine et propriétaire d'un bateau de pêche à moteur, et un colosse venu de Tahiti où l'a déniché Walker. Il s'appelle Tamatoa. Le vieux capitaine repère rapidement le « Frenchie » dans le café, et lui propose de l'embaucher à bord du « Torua » pour aller pêcher la langouste. Tout commence bien, les premières sorties sont faciles, la mer est assez calme, la pêche assez fructueuse. Puis les langoustes viennent à manquer. Alors arrive la grande expédition, où il faut aller chercher très loin les pêches miraculeuses du précieux crustacé. Sauf que le matériel radio tombe en panne, la plus grosse tempête jamais vue dans les mers australes se déchaîne, c'est le drame...


Un superbe hommage aux pêcheurs de Polynésie


J'ai ressenti ce roman épique, écrit par un auteur français ( ce serait lui le « Frenchie »?), comme un vibrant plaidoyer pour la culture des Maoris, des Tahitiens, de tous ces peuples de la mer qui se sont avérés depuis des millénaires comme des navigateurs hors pair grâce à la science des étoiles. Pas besoin à ceux-là, aujourd'hui en voie de disparition, d'instruments sophistiqués pour naviguer, ni de bateaux puissants gourmands en énergie et pollueurs. Non, leurs pirogues taillées dans les « arbres à pain » ont fait sacrément leurs preuves depuis toujours. Pour étayer cet hommage, David Fauquemberg émaille son roman de quatre portraits qui viennent interrompre le récit. Un philosophe « Papa Marii », un poète Hone, un navigateur Mau, et un autre navigateur « Tevake » à qui appartient le dernier mot.


Quelques longueurs dans le récit


Aussi nobles soient les intentions de l'auteur, force est de constater quelques longueurs dans ce roman où l'on devine assez facilement ce qui va se passer. Donc un suspense limité, on n'est pas dans un vrai thriller. Mais ce n'est sans doute pas ce qu'a recherché David Fauquemberg, on peut sur ce point être plutôt indulgent.


La marque du vécu


Il est incontestable en revanche que l'auteur connaît bien son sujet. On imagine qu'il a du longuement parcourir cette Océanie aux îles mystérieuses, aux ciels flamboyants, aux falaises abruptes. Et rencontrer ces hommes qui ont su transmettre leur culture à leurs enfants, pendant des siècles avant l'inévitable exode qui frappe aussi ces contrées de la planète, comme on peut le constater dans nos campagnes européennes. Alors oui, « Bluff » est un beau récit pour un hommage grandiose aux coureurs d'étoiles sous les ciels d'Océanie...

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