L'Anchorage Café, port de Bluff,
Nouvelle-Zélande. C'est là que commence l'histoire. Elle réunit
trois hommes qui ne se ressemblent en rien : un voyageur
français, dit « Le Frenchie », un vieux pêcheur maori,
Sonny Rongo Walker, qui est aussi capitaine et propriétaire d'un
bateau de pêche à moteur, et un colosse venu de Tahiti où l'a déniché Walker. Il s'appelle Tamatoa. Le vieux capitaine repère
rapidement le « Frenchie » dans le café, et lui propose
de l'embaucher à bord du « Torua » pour aller pêcher la
langouste. Tout commence bien, les premières sorties sont faciles,
la mer est assez calme, la pêche assez fructueuse. Puis les
langoustes viennent à manquer. Alors arrive la grande expédition,
où il faut aller chercher très loin les pêches miraculeuses du
précieux crustacé. Sauf que le matériel radio tombe en panne, la
plus grosse tempête jamais vue dans les mers australes se déchaîne,
c'est le drame...
Un superbe hommage aux pêcheurs de Polynésie
J'ai ressenti ce roman épique, écrit
par un auteur français ( ce serait lui le « Frenchie »?),
comme un vibrant plaidoyer pour la culture des Maoris, des Tahitiens,
de tous ces peuples de la mer qui se sont avérés depuis des
millénaires comme des navigateurs hors pair grâce à la science des
étoiles. Pas besoin à ceux-là, aujourd'hui en voie de disparition,
d'instruments sophistiqués pour naviguer, ni de bateaux puissants
gourmands en énergie et pollueurs. Non, leurs pirogues taillées
dans les « arbres à pain » ont fait sacrément leurs
preuves depuis toujours. Pour étayer cet hommage, David Fauquemberg
émaille son roman de quatre portraits qui viennent interrompre le récit. Un philosophe « Papa Marii », un poète
Hone, un navigateur Mau, et un autre navigateur « Tevake » à
qui appartient le dernier mot.
Quelques longueurs dans le récit
Aussi nobles soient les intentions de
l'auteur, force est de constater quelques longueurs dans ce roman où
l'on devine assez facilement ce qui va se passer. Donc un suspense
limité, on n'est pas dans un vrai thriller. Mais ce n'est sans doute
pas ce qu'a recherché David Fauquemberg, on peut sur ce point être
plutôt indulgent.
La marque du vécu
Il est incontestable en revanche que l'auteur
connaît bien son sujet. On imagine qu'il a du longuement parcourir
cette Océanie aux îles mystérieuses, aux ciels flamboyants, aux
falaises abruptes. Et rencontrer ces hommes qui ont su transmettre
leur culture à leurs enfants, pendant des siècles avant
l'inévitable exode qui frappe aussi ces contrées de la planète,
comme on peut le constater dans nos campagnes européennes. Alors
oui, « Bluff » est un beau récit pour un hommage grandiose aux coureurs d'étoiles sous les ciels d'Océanie...
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