Un roman très pédagogique, tout en
étant captivant, qui se fonde sur un ingénieux détail pour
renouer les fils du passé. Il y a non seulement une très belle
histoire d'amour, mais aussi une réflexion, en arrière-plan, sur ce
que fut l'Holocauste ou Shoah. Et on comprend mieux encore, à la
lecture de ces pages, ce qu'a pu représenter pour tant de familles
juives soudain déboussolées l'opération « Nuit de Cristal ». Celle-ci, pour rappel, fut
déclenchée par les nazis en 1938 pour accélérer l'émigration des
juifs d'Allemagne et des autres territoires peu à peu occupés sur
ordre du dictateur. Et c'est à partir de cette date phare des
premiers pogroms que débute en effet le double récit de Jillian Cantor.
De la Shoah à la chute du mur de Berlin
A l'automne 1938 Hitler
annexe l'Autriche. Près de Vienne, la synagogue du petit village de
Grotsburg où vivent beaucoup de juifs est brûlée par les nazis.
Fredericks Faber, un graveur de timbres réputé et sa famille vont
vivre l'enfer à cause de leur appartenance à la communauté
israélite. Fredericks doit fuir dans la forêt, sa femme est
déportée dans un camp de concentration, l'une de ses filles peut
gagner l'Angleterre, mais l'aînée Elena, qui aurait pu partir
aussi avec sa soeur, choisit de revenir dans sa maison retrouver son
amoureux, malgré le risque insensé que cela représente. En fait,
Fredericks a récemment embauché un jeune apprenti, Kristoff, et
elle ne peut accepter la séparation. La « vie secrète
d'Elena » serait oubliée parrmi tant d'autres histoires, si
une jeune journaliste de Los Angeles, cinquante ans plus tard ( c'est
en 1989 exactement, l'année de la chute du mur de Berlin) n'avait
pas découvert un curieux timbre poste, non oblitéré, sur une
vieille lettre. Comme celle-ci appartient à la collection
philatélique de son père, atteint de la maladie d'Alzheimer, elle
se lance dans une vaste enquête qui éclaircira le mystère de sa
découverte.
L'esprit de Résistance
La beauté du roman tient à
mes yeux à la véracité de ses personnages. Fredericks, le graveur
de timbres, qui a représenté une fleur des montagnes autrichiennes,
l'Edelweiss, comme « symbole d'une audace peu commune »,
est criant de vérité dans son attachement à son pays menacé, à
sa famille, dans sa volonté aussi de transmettre son savoir à un
apprenti pour qu'il poursuive le métier qu'il a choisi. Et ce
dernier, Kristoff, lui aussi très réaliste en tant que personnage,
va tellement retenir la leçon qu'il va se servir du plus beau timbre
de son maître pour inventer un mode de résistance inattendu. Bien
sûr le personnage d'Elena est très attachant, car son caractère
fort lui permet aussi de contrarier le destin injuste qu'on lui
impose. Sans dévoiler la fin du roman, elle incarne aussi l'idéal
de paix auquel chacun de nous devrait aspirer.
Le bonheur d'écrire de Jillian Cantor
Il faut saluer la prouesse
de l'auteur qui parvient à accrocher en permanence notre attention,
à maintenir le suspense, en menant parallèlement deux récits ( un
dans le « présent », l'autre dans le « passé »)
tout au long du livre. Son style est très simple et très
accessible. Cela, à mes yeux, renforce encore, l'empathie que l'on
peut ressentir pour les personnages. La manière dont la romancière raconte
les effets de la maladie d'Alzheimer sur le père de Katie est très
juste, on devine bien que Jillian Cantor a du être confrontée elle
même à une épreuve semblable dans sa famille.
Un roman, vous l'avez
compris, que je recommande vivement, en ces temps où l'oubli de
l'Histoire, justement, pourrait faire naître de nouveaux périls.
Ma prochaine chronique sera le dernier roman de Catherine McKenzie "les nouveaux voisins". Bonnes fêtes!
( date de publication du roman: 4 avril 2018)
Ma prochaine chronique sera le dernier roman de Catherine McKenzie "les nouveaux voisins". Bonnes fêtes!
( date de publication du roman: 4 avril 2018)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire