Zounia, dite « Zouzou »,
est assistante de vie à Paris. Elle est née dans un milieu pauvre d'un mariage mixte
entre une mère française et un père kabyle et
fan à la fois de Youri Djorkaeff et de Zinedine Zidane. Sa
meilleure amie, Carmen, plonge dans la déprime après avoir causé
involontairement la mort d'une jeune femme dans un accident de la
route. Zouzou, elle, paraît promise à filer le parfait amour,
après sa rencontre avec Eddy, un jeune gitan qui veut devenir
acteur. Une petite fille, Lila, naît de leur rencontre. Mais la vie
réserve souvent des déconvenues...
J'ai découvert Faïza Guène en
écoutant France Inter, où elle était reçue dans l'émission
« Boomerang » d'Augustin Trapenard et parlait de son nouveau roman
« Millenium Blues ». Un titre choisi parce que dans les
années 90, à l'aube du nouveau millénaire, un opérateur
téléphonique avait lancé le forfait illimité le soir et la
nuit... Un titre symbole d'une époque dont l'auteur a gardé la
nostalgie : fan des chansons du groupe Abba, Faïza Guène en
a fait la bande son du roman, allant même jusqu'à traduire les
paroles dans un français particulièrement poétique.
Une auteure prodige
Je ne m'étais pas souvenu que
lorsqu'elle était encore au lycée, Faïza avait participé à un
atelier d'écriture organisé par son professeur de français. Son
texte était tellement beau que l'enseignant l'avait envoyé (à son
insu!) chez Hachette et que l'éditeur avait décidé de faire
terminer la rédaction à son auteur. Résultat : un contrat et
400 000 exemplaires vendus, selon Wikipédia. C'était en 2004 avec
« Kiffe Kiffe demain », roman traduit en vingt-six
langues.
Une tranche de vie sans artifices
J'ai vu dans « Millenium blues »
un très joli roman, sans artifices, qui raconte la vie ordinaire
d'une jeune fille de la « génération Y », avec émotion
et sensibilité. J'ai été réceptif à un texte qui raconte à la
fois une histoire intime, mais reste étroitement imbriqué avec les
événements que nous avons tous vécus lors de ce changement de
millénaire : la coupe du monde de football remportée par la
France, la défaite de Lionel Jospin, le onze septembre, la canicule
du siècle, etc...
Une musique un peu triste et désabusée
J'ai entendu une musique un peu triste
et désabusée en tournant les pages de ce roman, avec quelques
passages sublimes. Je retiendrais pour ma part le dialogue renoué
entre le père et la fille, lorsque celui-ci décide enfin de se
remarier, et que Zouzou l'encourage à le faire malgré ses
réticences, allant jusqu'à affirmer qu'elle a « marié son
père ».
Lisez ce livre, en réfléchissant à
cette phrase de l'auteur lors d'une interview récente : « la
littérature de banlieue n'existe pas. Quand on écrit, on met ses
tripes sur la table, on ne se positionne pas par rapport à un
territoire ».
Date de publication du roman : 10
janvier 2018
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